Le paysage de la construction au Québec est sur le point de connaître une transformation majeure avec le projet de loi 51, Loi modernisant l’industrie de la construction, déposé le 1er février dernier par le ministre du Travail, Jean Boulet, puis soumis à l’étude en commission parlementaire. Ce projet vise à répondre aux enjeux actuels et futurs de ce secteur vital de l’écosystème québécois, où les entrepreneurs généraux jouent un rôle crucial dans la gestion et la coordination des chantiers. Le projet de loi 51 offre donc une occasion de repenser et de renforcer l’industrie.
Tout en reconnaissant les avancées proposées, notamment en matière de mobilité de la main-d’œuvre, la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ) estime tout de même que des améliorations sont nécessaires pour répondre pleinement aux besoins de productivité du secteur, entre autres. À cette fin, elle a proposé des recommandations minimales pour garantir une modernisation efficace et équilibrée.
C’est ainsi, dans le cadre des consultations parlementaires, que la CEGQ a soumis le 19 mars dernier ses recommandations au gouvernement concernant le projet de loi 51.
Polyvalence, productivité et formation : les pierres angulaires de la transformation
La promotion de la polyvalence est un point crucial soulevé par la CEGQ. Dans un secteur où la diversité des métiers peut parfois compliquer les projets, la polyvalence offre une voie vers une plus grande efficacité. La CEGQ soutient l’idée de simplifier les processus en regroupant les métiers connexes et en encourageant la formation continue pour les travailleurs. Elle souligne également l’importance de ne pas négliger les familles de métiers établies par la Commission de la construction du Québec (CCQ) pour faciliter la polyvalence des métiers, permettant ainsi une utilisation plus efficace des ressources humaines sur les chantiers.
Pour favoriser cette polyvalence, éviter les ambiguïtés juridiques, et offrir un accompagnement aux entrepreneurs, la CEGQ propose la mise en place d’un mécanisme de préapprobation centralisé par la CCQ. Ce mécanisme permettrait d’assurer une clarification rapide des possibilités de réaliser certaines tâches par des corps de métiers différents. De plus, elle propose d’encourager le cumul des compétences entre les travailleurs.
En matière de formation, la CEGQ recommande une révision du programme actuel pour favoriser la polyvalence des travailleurs, prenant exemple sur le modèle allemand. De plus, elle soutient également la création d’un programme de formation continue pour l’acquisition de nouvelles compétences, tout en saluant l’introduction d’un nouveau système de reconnaissance des acquis par le projet de loi 51.
La CEGQ s’engage également à favoriser la diversité, à lutter contre l’intimidation et le harcèlement en recommandant une formation obligatoire pour tous les détenteurs de carte de compétence dans le secteur. Elle recommande également de faciliter davantage la mobilité de la main-d’œuvre en abolissant les restrictions provinciales.
Rétroactivité
Un point de divergence important concerne la rétroactivité salariale prévue par le projet de loi 51. La CEGQ estime qu’un débat préalable sur cette question est nécessaire et qu’il serait préférable de laisser aux différentes parties le soin de négocier cette rétroactivité. Cette réserve met en lumière l’importance d’un dialogue ouvert et transparent pour parvenir à un consensus équilibré sur cette question délicate.
Reconnaissance et représentation
Outre ces points cruciaux, l’une des principales recommandations de la CEGQ concerne la reconnaissance officielle de son rôle en tant qu’association d’entrepreneurs généraux. Bien que les entrepreneurs généraux dirigent près de 85 % des projets de construction au Québec chaque année, ils ne sont pas officiellement représentés dans les discussions et les décisions qui façonnent l’industrie. Ayant joué un rôle crucial dans l'industrie depuis 26 ans et étant sollicitée régulièrement pour son expertise par les instances gouvernementales, la CEGQ estime mériter une reconnaissance qui faciliterait un dialogue plus significatif avec les autorités et témoignerait de son importance dans le paysage de la construction. La CEGQ demande donc une place légitime dans les instances réglementaires et décisionnelles, notamment au sein du Conseil d’administration de la Commission de la construction du Québec (CCQ) et d’autres comités clés.
Alors que le projet de loi 51 ouvre la voie à une modernisation de l’industrie de la construction au Québec, la CEGQ entend continuer à proposer des solutions concrètes et à défendre les intérêts des entrepreneurs généraux. Aspirant à façonner un avenir florissant pour ce secteur vital de l’économie québécoise, la CEGQ est convaincue que ses recommandations répondront aux défis actuels et futurs du secteur, en mettant l’accent sur la polyvalence, la formation et d’autres aspects essentiels pour une modernisation réussie.