Président directeur-général de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec
Dans l'industrie de la construction, la patience est souvent mise à l'épreuve, comme je le soulignais dans l'édition de janvier du journal L’Entrepreneur général. L'expression célèbre de Nicolas Boileau en 1674 « Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage » résonne comme un mantra pour tous ceux qui naviguent dans les méandres des projets et des réglementations dans la construction, où le progrès peut parfois sembler laborieux. Cependant, le Congrès de la CEGQ à Trois-Rivières a marqué un tournant prometteur avec la présence de trois ministres du gouvernement du Québec, signalant une volonté politique de dynamiser le secteur.
L'engagement des ministres et des PDG d’organismes réglementaires est un indicateur fort de l'attention portée aux préoccupations de l'industrie. Il faut avouer que lorsque l’on se présente devant une foule de près de 400 personnes, la propension à prendre des engagements est forte, et tous, sans exception ont indiqué que les choses allaient bouger ce printemps.
Le projet de loi 51, présenté par le ministre Jean Boulet, vise à réformer la loi sur les relations de travail dans l’industrie de la construction (R-20). Il exprime une volonté d’accroître la polyvalence des métiers sans les fusionner. La solidarité patronale, en appui au projet de loi, exprimée au ministre lors du Congrès, et immortalisée par une photo historique de la grande majorité des associations patronales, témoigne de l'importance de cette réforme pour les acteurs du domaine.
Cette période de changement, bien que potentiellement porteuse de défis, offre également l’occasion de remodeler l'industrie pour mieux répondre aux besoins actuels et futurs. L'optimisme prudent exprimé dans les engagements pris pourrait bien se traduire par des avancées concrètes, à condition que les promesses soient suivies d'actions déterminées. La collaboration entre les différents paliers de gouvernement et les parties prenantes de la construction sera déterminante pour assurer que les réformes proposées se traduisent par des avantages tangibles pour tous.
Bien sûr, la CEGQ souhaite que le projet de loi aille plus loin et nous l'avons clairement exprimé lors de notre passage en commission parlementaire en mars dernier. Un message fort a été envoyé par la CEGQ par l’intermédiaire de son nouveau président du conseil d’administration, Julien Lessard, ainsi que de la présidente sortante, Mélissa Robitaille. La Corporation doit avoir voix au chapitre en matière de relations de travail en étant reconnue comme association d'entrepreneurs. Même si le projet de loi ne contient rien à cet effet, le simple fait d'avoir entendu la Corporation en commission parlementaire démontre l'importance grandissante que nous jouons dans l'industrie et constitue une certaine forme de reconnaissance.
L’espoir est de nouveau possible en matière d'allègement réglementaire avec le ministre Christopher Skeete à qui nous avons suggéré, lors de l’étude du projet de loi 17 l’automne dernier, des allègements pour le secteur privé en lien avec le Bureau des soumissions déposées du Québec (BSDQ). Nous avions fait des suggestions en ce sens aux propriétaires du BSDQ lors des discussions à la Table de concertation qu’ils ont mise sur pied, ces derniers n’ont pas retenu la suggestion.
Malgré ce refus, nous ne remettons pas en doute notre participation à la Table de concertation du BSDQ mise sur pied par les propriétaires. Bien que nos espoirs aient été quelque peu refroidis, mais des changements récents à la direction du BSDQ laissent entrevoir une ouverture dans la reprise du dialogue. Par ailleurs, le ministre Skeete entend présenter un nouveau projet de loi à l'automne, qui proposera à nouveau des mesures d’allègement dans un grand nombre de secteurs, il reste à voir s'il inclura la proposition d'allègement pour le secteur privé en ce qui concerne le BSDQ. En matière de contrats publics, le Secrétariat du Conseil du trésor et le ministre des Infrastructures ont élevé grandement nos attentes et celle de l'industrie en général. Le ministre Jonatan Julien a clairement indiqué lors de son discours au Congrès : « Mon objectif, moi, c’est de nous rendre assez sexy pour que les gens aient envie de travailler avec nous ».
Qu'il s'agisse de paiements rapides, de nouveaux modes de réalisation de projet ou simplement de faciliter la gestion des contrats publics, cela représente un défi de taille de présenter un projet de loi et de nouvelles politiques dans ce domaine avant la fin de la session parlementaire de cette année.
Nous sommes revenus du Congrès un peu plus optimiste qu'en janvier dernier, les choses semblent aller dans la bonne direction, mais il reste à voir si elles iront assez loin. Ne perdons pas le courage de changer les choses. Et comme le disait aussi Boileau « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. »