L’Alliance syndicale et les associations patronales ont conclu une entente de principe mercredi en fin de journée. Le pointage électronique avec géolocalisation, principal enjeu des négociations, sera intégré ultérieurement dans les conventions collectives après avoir été discuté en comité formé de représentants syndicaux et d’employeurs.
Après avoir négocié de façon intensive les quatre conventions collectives de 2021-2025 depuis plusieurs jours pour éviter la grève, les cinq grands syndicats de la construction et les quatre associations patronales ont finalement convenu de toutes les modalités concernant les fonds de pension, les assurances et les salaires dans les différents secteurs de l’industrie.
L’entente de principe sera présentée dans les prochains jours aux 200 000 travailleurs ainsi qu’aux membres des associations patronales pour être entérinée.
« On est satisfait, parce que toutes les parties avaient à cœur d’éviter un conflit qui aurait eu des dommages importants pour l’économie, pour les ménages auxquels on destine nos maisons », a affirmé lors d’un entretien téléphonique François Bernier, vice-président principal, affaires publiques, à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), qui représente 15 000 entrepreneurs du secteur de la construction résidentielle.
L’Alliance syndicale a dit à La Presse désirer s’adresser à ses membres avant de commenter publiquement l’entente de principe.
L’enjeu du pointage électronique reporté
Pour ce qui est de l’enjeu qui faisait achopper les négociations, soit la demande des employeurs d’avoir recours à des applications mobiles avec géolocalisation sur téléphones cellulaires pour enregistrer les heures d’arrivée et de départ des ouvriers, il ne fait pas partie de l’entente actuelle.
Un comité formé de syndiqués et d’employeurs analysera les différents enjeux reliés à l’utilisation du pointage électronique et pourra, au besoin, être accompagné de spécialistes pour l’aider. D’ici quelques mois, les deux parties conviendront des modalités à intégrer dans les nouvelles conventions collectives pour permettre l’utilisation des applications mobiles, a affirmé en entrevue François Bernier, de l’APCHQ.
« Il fallait qu’on se sorte de cette pression-là de la négociation pour faire un travail plus serein, dit-il au téléphone. On s’est donné un dispositif avec des dates, des échéances et, s’il le faut, on aura recours à un arbitre. Mais je pense que les gens sont capables de travailler ensemble. »
« Il y a des questions de vie privée, des nouvelles lois qui pourraient arriver dont on devra tenir compte. Il faut intégrer tout ça et en arriver à quelque chose qui va tenir la route, poursuit François Bernier. On est conscients qu’il y a un projet de loi qui évolue et, de toute façon, on devra s’y conformer. »
Craintes pour la vie privée
L’Alliance syndicale a signifié ses craintes envers les applications mobiles à cause de la géolocalisation qui donne la possibilité à l’employeur de surveiller en temps réel ses employés.
En novembre 2020, la FTQ-Construction avait eu gain de cause à ce sujet devant le Tribunal d’arbitrage, qui avait jugé que le recours à de telles applications contrevenait aux conventions collectives 2017-2021 et que les employeurs ne pouvaient pas demander à leurs employés de les télécharger sur leurs cellulaires personnels.
Dimanche dernier, l’Alliance syndicale avait proposé de reporter le débat sur l’utilisation des applications avec géolocalisation après l’adoption du projet de loi 64, qui viendra moderniser les dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels.
Le ministre du Travail satisfait
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a confié à La Presse qu’il était heureux et fier des deux parties qui ont réussi à trouver un terrain d’entente par elles-mêmes.
« La construction, c’est un secteur névralgique. On est en contexte de reprise économique. Il y aurait eu des répercussions importantes, mais les parties ont relevé le défi. Ils sont à la hauteur des attentes des Québécois et ils nous rendent fiers de ce secteur-là qui a réussi sans conflit de travail à faire une entente de principe », a-t-il dit lors d’un entretien téléphonique.
L’Alliance syndicale, qui regroupe la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), le Syndicat québécois de la construction, la CSD-Construction et la CSN-Construction, avait obtenu un mandat de grève à 93 %, effectif à partir du 21 mai.
Les quatre conventions collectives étaient échues depuis le 30 avril.
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