La demande extrêmement forte force les cimenteries à reporter des livraisons
Après le bois et l’acier, au tour du béton d’être la cause de maux de tête. Avec l’explosion des chantiers immobiliers, le béton est « sous pression » et des promoteurs d’ici commencent à en ressentir les impacts.
Ces dernières semaines, Ciment Québec a envoyé une lettre à ses clients, dont Le Journal a obtenu une copie, pour les prévenir qu’elle devait moduler ses livraisons en raison « du niveau exceptionnellement élevé de l’activité dans la construction au cours des derniers mois ».
Dans le document, Ciment Québec informe ses partenaires que « les commandes pour les projets en cours feront l’objet d’une priorisation », que des « commandes pourraient être reportées en fonction de la disponibilité de la matière première » et que « toutes les soumissions en cours seront sujettes à une révision en fonction des capacités de livraison ».
Ciment Québec n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
Hier, un promoteur immobilier du secteur résidentiel, préférant taire son nom pour éviter les représailles, a raconté au Journal que des entreprises vendant du béton limitaient désormais leur offre.
« Oui, il y a un problème. Par exemple, pour nous, nous avons le droit de couler que ce qui est structural. On va couler la fondation pour un immeuble, mais on ne pourra pas faire la terrasse, les murs de soutènement, si besoin, ou les trottoirs. C’est l’approvisionneur qui nous impose cela », note-t-il.
À l’Association béton Québec (ABQ), on a refusé de se mouiller sur les pénuries. « On vit un moment sans précédent dans l’histoire du Québec en termes de volume de construction. La demande est très forte », s’est limité à dire à ce sujet son directeur général Luc Bédard.
Des sources de l’industrie ont cependant indiqué en journée au Journal que de plus en plus d’entreprises sont bel et bien aux prises avec des pénuries de béton.
Aussi un problème de livraison
Selon nos informations, le phénomène semble affecter davantage les plus petits constructeurs résidentiels. Des délais de livraison plus longs viendraient aussi leur mettre des bâtons dans les roues.
« Pour moi, ce n’est pas une pénurie de béton, mais une pénurie de ciment. Certains ont eu des bris majeurs ou sont en conflit de travail », analyse Jean-François Dufour, vice-président de Béton Provincial, qui n’a pas eu de problèmes d’approvisionnement de son côté.
Pour fabriquer du béton, il faut de l’eau, du sable et de la roche, ce qui se trouve assez facilement, mais il faut aussi « l’ingrédient magique : le ciment », qui devient plus rare.
« Il y a le ciment qui est produit à Joliette, et il y a un lock-out », a illustré Marco Lasalle, directeur du service technique à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
D’après lui, l’explosion de la demande pour le béton mêlée au fait qu’il y a un manque criant de chauffeurs pourrait expliquer la situation actuelle.
« Il y a vraiment un gros problème de livraison », conclut-il.
Le boom de la construction en train de provoquer une pénurie de béton | JDM (journaldemontreal.com)